"Le Barbier de Séville" - читать интересную книгу автора (Beaumarchais Pierre de Augustin Caron)

Scène V

LE COMTE, FIGARO, enveloppé d'un manteau, paraît à la fenêtre


FIGARO parle en dehors. Quelqu'un s'enfuit: entrerai-je?


LE COMTE, en dehors. Un homme?


FIGARO. Non.


LE COMTE. C'est Rosine, que ta figure atroce aura mise en fuite.


FIGARO saute dans la chambre. Ma foi, je le crois… Nous voici enfin arrivés, malgré la pluie, la foudre et les éclairs.


LE COMTE, enveloppé d'un long manteau. Donne-moi la main.

(Il saute à son tour.) A nous la victoire!


FIGARO jette son manteau. Nous sommes tout percés. Charmant temps, pour aller en bonne fortune! Monseigneur, comment trouvez-vous cette nuit?


LE COMTE. Superbe pour un amant.


FIGARO. Oui; mais pour un confident?… Et si quelqu'un allait nous surprendre ici?


LE COMTE. N'es-tu pas avec moi? J'ai bien une autre inquiétude: c'est de la déterminer à quitter sur-le-champ la maison du tuteur.


FIGARO. Vous avez pour vous trois passions toutes-puissantes sur le beau sexe: l'amour, la haine et la crainte.


LE COMTE regarde dans l'obscurité. Comment lui annoncer brusquement que le notaire l'attend chez toi pour nous unir? Elle trouvera mon projet bien hardi; elle va me nommer audacieux.


FIGARO. Si elle vous nomme audacieux, vous l'appellerez cruelle. Les femmes aiment beaucoup qu'on les appelle cruelles. Au surplus, si son amour est tel que vous le désirez, vous lui direz qui vous êtes; elle ne doutera plus de vos sentiments.