"Roméo Et Juliette" - читать интересную книгу автора (Shakespeare William)SCÈNE V Premier Valet. – Où est donc Laterine, qu'il ne m'aide pas à desservir? Lui, soulever une assiette! Lui, frotter une table! Fi donc! Deuxième Valet. – Quand le soin d'une maison est confié aux mains d'un ou deux hommes, et que ces mains ne sont même pas lavées, c'est une sale chose. Premier Valet. – Dehors les tabourets!… Enlevez le buffet!… Attention à l'argenterie… Troisième Valet. – Voilà, mon garçon! présent! Premier Valet. – On vous attend, On vous appelle, On vous demande, on vous cherche dans la grande chambre. Troisième Valet. – Nous ne pouvons pas être ici et là… Vivement, mes enfants; mettez-y un peu d'entrain, et que le dernier restant emporte tout. Capulet. – Messieurs, soyez les bienvenus! Celles de ces dames qui ne sont pas affligées de cors aux pieds vont vous donner de l'exercice!… Ah! ah! mes donzelles! qui de vous toutes refusera de danser à présent? Celle qui fera la mijaurée, celle-là, je jurerai qu'elle a des cors! Eh! je vous prends par l'endroit sensible, n'est-ce pas? Deuxième Capulet. – Trente ans, par Notre-Dame! Premier Capulet. – Bah! mon cher! pas tant que ça! pas tant que ça! C'était à la noce de Lucentio. Vienne la Pentecôte aussi vite qu'elle voudra, il y aura de cela quelque vingt-cinq ans; et cette fois nous étions masqués. Deuxième Capulet. – Il y a plus longtemps, il y a plus longtemps: son fils est plus âgé, messire; son fils a trente ans. Premier Capulet. – Pouvez-vous dire ça! Son fils était encore mineur il y a deux ans. Roméo, Le Valet. – Je ne sais pas, monsieur. Roméo. – Oh! elle apprend aux flambeaux à illuminer! Sa beauté est suspendue à la face de la nuit comme un riche joyau à l'oreille d'une Éthiopienne! Beauté trop précieuse pour la possession, trop exquise pour la terre! Telle la colombe de neige dans une troupe de corneilles, telle apparaît cette jeune dame au milieu de ses compagnes. Cette danse finie, j'épierai la place où elle se tient, et je donnerai à ma main grossière le bonheur de toucher la sienne. Mon cœur a-t-il aimé jusqu'ici? Non; jurez-le, mes yeux! Car jusqu'à ce soir, je n'avais pas vu la vraie beauté. Tybalt, Premier Capulet, Tybalt. – Mon oncle, voici un Montague, un de nos ennemis, un misérable qui est venu ici par bravade insulter à notre soirée solennelle. Premier Capulet. – N'est-ce pas le jeune Roméo? Tybalt. – C'est lui, ce misérable Roméo! Premier Capulet. – Du Calme, gentil cousin! laisse-le tranquille; il a les manières du plus courtois gentilhomme; et, à dire vrai, Vérone est fière de lui, comme d'un jouvenceau vertueux et bien élevé. Je ne voudrais pas, pour toutes les richesses de cette ville, qu'ici, dans ma maison, il lui fût fait une avanie. Aie donc patience, ne fais pas attention à lui, c'est ma volonté; si tu la respectes, prends un air gracieux et laisse là cette mine farouche qui sied mal dans une fête. Tybalt. – Elle sied bien dès qu'on a pour hôte un tel misérable; je ne le tolérerai pas! Premier Capulet. – Vous le tolérerez! qu'est-ce à dire, monsieur le freluquet! J'entends que vous le tolériez… Allons donc! Qui est le maître ici, vous ou moi? Allons donc! Vous ne le tolérerez pas! Dieu me pardonne! Vous voulez soulever une émeute au milieu de mes hôtes! Vous voulez mettre le vin en perce! Vous voulez faire l'homme! Tybalt. – Mais, mon oncle, c'est une honte. Premier Capulet. – Allons, allons, vous êtes un insolent garçon. En vérité, cette incartade pourrait vous coûter cher: Je sais ce que je dis… Il faut que vous me contrariiez!… Morbleu! c'est le moment!… Tybalt. – La patience qu'on m'impose lutte en moi avec une colère obstinée, et leur choc fait trembler tous mes membres… Je vais me retirer; mais cette fureur rentrée, qu'en ce moment on croit adoucie, se convertira en fiel amer Roméo, Juliette. – Bon pèlerin, vous êtes trop sévère pour votre main qui n'a fait preuve en ceci que d'une respectueuse dévotion. Les saintes mêmes ont des mains que peuvent toucher les mains des pèlerins; et cette étreinte est un pieux baiser Roméo. – Les saintes n'ont-elles pas des lèvres, et les pèlerins aussi? Juliette. – Oui, pèlerin, des lèvres vouées à la prière. Roméo. – Oh! alors, chère sainte, que les lèvres fassent ce que font les mains. Elles te prient; exauce-les, de peur que leur foi ne se change en désespoir. Juliette. – Les saintes restent immobiles, tout en exauçant les prières. Roméo. – Restez donc immobile, tandis que je recueillerai l'effet de ma prière. Juliette. – Mes lèvres ont gardé pour elles le péché qu'elles ont pris des vôtres. Roméo. – Vous avez pris le péché de mes lèvres? ô reproche charmant! Alors rendez-moi mon péché. Juliette. – Vous avez l'art des baisers. La Nourrice, Roméo, La Nourrice. – Eh bien, bachelier sa mère est la maîtresse de la maison, une bonne dame, et sage et vertueuse; j'ai nourri sa fille, celle avec qui vous causiez; je vais vous dire: celui qui parviendra à mettre la main sur elle pourra faire sonner les écus. Roméo. – C'est une Capulet! ô trop chère créance! Ma vie est due à mon ennemie! Benvolio, Roméo, Premier Capulet, Juliette. – Viens ici, nourrice! quel est ce gentilhomme, là-bas? La Nourrice. – C'est le fils et l'héritier du vieux Tibério. Juliette. – Quel est celui qui sort à présent? La Nourrice. – Ma foi, je crois que c'est le jeune Pétruchio. Juliette, La Nourrice. – Je ne sais pas. Juliette. – Va demander son nom. ( La Nourrice, Juliette. – Mon unique amour émane de mon unique haine! Je l'ai vu trop tôt sans le connaître et je l'ai connu trop tard. Il m'est né un prodigieux amour, puisque je dois aimer un ennemi exécré! La Nourrice. – Que dites-vous? que dites-vous? Juliette. – Une strophe que dent de m'apprendre un de mes danseurs. La Nourrice. – Tout à l'heure! tout à l'heure!… Allons nous-en; tous les étrangers sont partis. |
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