"Les particules elementaires" - читать интересную книгу автора (Houellebecq Michel)7 Conversation de caravaneLa caravane de Christiane etait a une cinquantaine de metres de sa tente. Elle alluma en entrant, sortit une bouteille de Bushmills, emplit deux verres. Mince, plus petite que Bruno, elle avait du etre tres jolie; mais les traits de son visage fin etaient fletris, legerement couperoses. Seule sa chevelure restait splendide, soyeuse et noire. Le regard de ses yeux bleus etait doux, un peu triste. Elle pouvait avoir quarante ans. «De temps en temps ca me prend, je baise avec tout le monde, dit-elle. Pour la penetration, je demande juste un preservatif.» Elle humecta ses levres, but une gorgee. Bruno la regarda; elle ne s'etait rhabillee qu'en haut, elle avait passe un sweat-shirt gris. Son mont de Venus avait une jolie courbure; malheureusement, les grandes levres etaient un peu pendantes. «J'aimerais te faire jouir aussi, dit-il. – Prends ton temps. Bois ton verre. Tu peux dormir ici, il y a de la place…» Elle montra le lit double. Ils discuterent du prix de location des caravanes. Christiane ne pouvait pas faire de camping, elle avait un probleme de dos. «Assez grave, dit-elle. La plupart des hommes preferent les pipes, dit-elle encore. La penetration les ennuie, ils ont du mal a bander. Mais quand on les prend dans la bouche ils redeviennent comme de petits enfants. J'ai l'impression que le feminisme les a durement atteints, plus qu'ils n'ont voulu l'avouer. – Il y a pire que le feminisme…» fit sombrement Bruno. Il vida la moitie de son verre avant de se decider a poursuivre: «Tu connais le Lieu depuis longtemps? – Pratiquement depuis le debut. J'ai cesse de venir quand j'etais mariee, maintenant je reviens deux ou trois semaines par an. Au depart c'etait plutot un endroit alternatif, – Christiane, dit doucement Bruno, tu exageres… Par exemple, maintenant, j'ai envie de te faire plaisir. – Je te crois. J'ai l'impression que tu es plutot un homme gentil. Egoiste et gentil.» Elle ota son sweat-shirt, s'allongea au travers du lit, posa un oreiller sous ses fesses et ecarta les cuisses. Bruno lecha d'abord assez longuement le pourtour de sa chatte, puis excita le clitoris a petits coups de langue rapides. Christiane expira profondement. «Enfonce un doigt…» dit-elle. Bruno obeit, se tourna pour continuer a lecher Christiane tout en lui caressant les seins. Il sentit les mamelons se durcir, releva la tete. «Continue, s'il te plait…» demanda-t-elle. Il replaca sa tete plus confortablement et caressa le clitoris de l'index. Ses petites levres commencaient a gonfler. Pris d'un mouvement de joie, il les lecha avec avidite. Christiane poussa un gemissement. L'espace d'un instant il revit la vulve, maigre et ridee, de sa mere; puis le souvenir s'effaca, il continua a masser le clitoris de plus en plus vite tout en lechant les levres a grands coups de langue amicaux. Son ventre se couvrait d'une rougeur, elle haletait de plus en plus fort. Elle etait tres humide, agreablement salee. Bruno fit une breve pause, introduisit un doigt dans l'anus, un autre dans le vagin et commenca a lecher le clitoris du bout de la langue, a petits coups tres rapides. Elle jouit paisiblement, avec de longs soubresauts. Il demeura immobile, le visage contre sa vulve humide, et tendit les mains vers elle; il sentit les doigts de Christiane se refermer sur les siens. "Merci» dit-elle. Puis elle se releva, enfila son sweat-shirt et remplit a nouveau leurs verres. «C'etait vraiment bien, dans le jacuzzi, tout a l'heure… dit Bruno. Nous n'avons pas dit un mot; au moment ou j'ai senti ta bouche, je n'avais pas encore distingue les traits de ton visage, il n'y avait aucun element de seduction, c'etait quelque chose de tres pur. – Tout repose sur les corpuscules de Krause…» Christiane sourit. «Il faut m'excuser, je suis professeur de sciences naturelles.» Elle but une gorgee de Bushmills… «La hampe du clitoris, la couronne et le sillon du gland sont tapisses de corpuscules de Krause, tres riches en terminaisons nerveuses. Lorsqu'on les caresse, on declenche dans le cerveau une puissante liberation d'endorphines. Tous les hommes, toutes les femmes ont leur clitoris et leur gland tapisses de corpuscules de Krause - en nombre a peu pres identique, jusque-la c'est tres egalitaire; mais il y a autre chose, tu le sais bien. J'etais tres amoureuse de mon mari. Je caressais, je lechais son sexe avec veneration; j'aimais le sentir en moi. J'etais fiere de provoquer ses erections, j'avais une photo de son sexe dresse, que je conservais tout le temps dans mon portefeuille; pour moi c'etait comme une image pieuse, lui donner du plaisir etait ma plus grande joie. Finalement, il m'a quittee pour une plus jeune. J'ai bien vu tout a l'heure que tu n'etais pas vraiment attire par ma chatte; c'est deja un peu la chatte d'une vieille femme. L'augmentation du pontage des collagenes chez le sujet age, la fragmentation de l'elastine au cours des mitoses font progressivement perdre aux tissus leur fermete et leur souplesse. A vingt ans, j'avais une tres belle vulve; aujourd'hui, je me rends bien compte que les levres et les nymphes sontun peu pendantes.» Bruno termina son verre; il ne trouvait absolument rien a lui repondre. Peu apres, ils s'allongerent. Il passaun bras autour de la taille de Christiane; ils s'endormirent. |
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