"А.Сент-Экзюпери. Vol de Nuit (фр.)" - читать интересную книгу автора

Et comme il n'apercevait plus rien du monde que l'ampoule
rouge de la carlingue, il frissonna de se sentir descendre au c?ur
de la nuit, sans secours, sous la seule protection d'une petite
lampe de mineur. Il n'osa pas dйranger le pilote pour connaоtre ce
qu'il dйciderait, et, les mains serrйes sur l'acier, inclinй en avant
vers lui, il regardait cette nuque sombre.


Une tкte et des йpaules immobiles йmergeaient seules de la
faible clartй. Ce corps n'йtait qu'une masse sombre, appuyйe un
peu vers la gauche, le visage face а l'orage, lavй sans doute par
chaque lueur. Mais le radio ne voyait rien de ce visage. Tout ce
qui s'y pressait de sentiments pour affronter une tempкte: cette
moue, cette volontй, cette colиre, tout ce qui s'йchangeait
d'essentiel, entre ce visage pвle et, lа-bas, ces courtes lueurs,
restait pour lui impйnйtrable.
Il devinait pourtant la puissance ramassйe dans l'immobilitй
de cette ombre, et il l'aimait. Elle l'emportait sans doute vers
l'orage, mais aussi elle le couvrait. Sans doute ces mains, fermйes
sur les commandes, pesaient dйjа sur la tempкte, comme sur la
nuque d'une bкte, mais les йpaules pleines de force demeuraient
immobiles, et l'on sentait lа une profonde rйserve.
Le radio pensa qu'aprиs tout le pilote йtait responsable. Et
maintenant il savourait, entraоnй en croupe dans ce galop vers
l'incendie, ce que cette forme sombre, lа, devant lui, exprimait de
matйriel et de pesant, ce qu'elle exprimait de durable.
A gauche, faible comme un phare а йclipse, un foyer
nouveau s'йclaira.
Le radio amorзa un geste pour toucher l'йpaule de Fabien,
le prйvenir, mais il le vit tourner lentement la tкte, et tenir son
visage, quelques secondes, face а ce nouvel ennemi, puis,
lentement, reprendre sa positon primitive. Ces йpaules toujours
immobiles, cette nuque appuyйe au cuir.




VIII




Riviиre йtait sorti pour marcher un peu et tromper le
malaise qui reprenait, et lui, qui ne vivait que pour l'action, une
action dramatique, sentit bizarrement le drame se dйplacer,
devenir personnel. Il pensa qu'autour de leur kiosque а musique
les petits bourgeois des petites villes vivaient une vie d'apparence
silencieuse, mais quelquefois lourde aussi de drames: la maladie,
l'amour, les deuils, et que peut-кtre... Son propre mal lui
enseignait beaucoup de choses: ,