"А.Сент-Экзюпери. Vol de Nuit (фр.)" - читать интересную книгу автораpensait-il.
Puis, vers onze heures du soir, respirant mieux, il s'achemina dans la direction du bureau. Il divisait lentement, des йpaules, la foule qui stagnait devant la bouche des cinйmas. Il leva les yeux vers les йtoiles, qui luisaient sur la route йtroite, presque effacйes par les affiches lumineuses, et pensa: entier. Cette йtoile est un signe, qui me cherche dans cette foule, et qui me trouve: c'est pourquoi je me sens un peu йtranger, un peu solitaire.> Une phrase musicale lui revint: quelques notes d'une sonate qu'il йcoutait hier avec des amis. Ses amis n'avaient pas compris: Il s'йtait, comme ce soir, senti solitaire, mais bien vite avait dйcouvert la richesse d'une telle solitude. Le message de cette musique venait а lui, а lui seul parmi les mйdiocres, avec la douceur d'un secret. Ainsi le signe de l'йtoile. On lui parlait, par- dessus tant d'йpaules, un langage qu'il entendait seul. Sur le trottoir on le bousculait; il pensa encore: marche dans la foule а petits pas. Il porte en lui le grand silence de sa maison.> II leva les yeux sur les hommes. Il cherchait а reconnaоtre leur amour, et il songeait а l'isolement des gardiens de phares. Le silence des bureaux lui plut. Il les traversait lentement, l'un aprиs l'autre, et son pas sonnait seul. Les machines а йcrire dormaient sous les housses. Sur les dossiers en ordre les grandes armoires йtaient fermйes. Dix annйes d'expйrience et de travail. L'idйe lui vint qu'il visitait les caves d'une banque; lа oщ pиsent les richesses. Il pensait que chacun de ces registres accumulait mieux que de l'or: une force vivante. Une force vivante mais endormie, comme l'or des banques. Quelque part il rencontrerait l'unique secrйtaire de veille. Un homme travaillait quelque part pour que la vie soit continue, pour que la volontй soit continue, et ainsi, d'escale en escale, pour que jamais de Toulouse а Buenos Aires, ne se rompe la chaоne. Les courriers quelque part luttaient. Le vol de nuit durait comme une maladie: il fallait veiller. Il fallait assister ces hommes qui, des mains et des genoux, poitrine contre poitrine, affrontaient l'ombre, et qui ne connaissaient plus, ne connaissaient plus rien que des choses mouvantes, invisibles, dont il fallait, а la force des bras aveugles, se tirer comme d'une mer. Quels aveux terribles quelquefois: |
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